La Meilleure Complice

**La Meilleure Amie**

— Joyeux anniversaire ! — Élodie tendit à son amie un sac cadeau.

— Merci, — murmura Amandine en l’embrassant sur la joue. — Je l’ouvrirai plus tard, d’accord ? Entre.

Élodie pénétra dans la pièce où trônait une table joliment décorée. Près de la fenêtre, deux garçons discutaient.

— Je vous présente ma meilleure amie, Élodie. On se connaît depuis le lycée. Et voici Hugo et Théo. Hugo, c’est celui de droite, chuchota Amandine à l’oreille d’Élodie. Ne te trompe pas. C’est mon copain.

Les deux garçons dévisagèrent Élodie. Celui qu’Amandine avait nommé Théo lui adressa un sourire chaleureux.

— Bon, faites connaissance, moi je vais vérifier la viande avant qu’elle ne brûle, déclara Amandine avant de disparaître dans la cuisine.

Élodie, embarrassée, ne savait que faire. Théo vint à son secours. Il contourna la table et s’approcha.

— Hugo et moi, on est aussi amis depuis le lycée. Je suis juste passé le voir, et me voilà à l’anniversaire de sa copine.

De près, il lui parut encore plus séduisant.

La sonnette retentit, et bientôt une bande bruyante envahit la pièce, rendant toute conversation impossible. À table, Théo s’assit à côté d’Élodie. Sa proximité et son regard la firent frémir. Lorsque la musique commença, il proposa de s’échapper.

— Amandine risque de s’énerver…

— Laisse, avec tout ce monde, elle ne remarquera même pas notre absence. Viens, profitons qu’elle soit sortie. — Il lui prit la main et l’entraîna vers la porte.

Ils arpentèrent les rues de Paris. Ils avaient tant en commun. Ni l’un ni l’autre n’aimaient les foules. Bien sûr, Amandine appela plus tard, vexée qu’Élodie soit partie sans un mot.

Elles ne se parlèrent pas pendant des jours. Mais Amandine finit par revenir, avouant qu’elle et Hugo avaient rompu.

— Et toi, tu as l’air ailleurs. Amoureuse, peut-être ? — demanda-t-elle en remarquant le regard absent de son amie.

— Pardon, mais je suis si heureuse ! J’en perds la tête, confessa Élodie. Théo m’a demandé en mariage. On a reporté le mariage à l’automne. Tu seras ma témoin ? Amandine, je me sens si mal. Tout s’est passé si vite. C’est vous qui nous avez présentés, et vous avez rompu. Tu trouveras l’amour, toi aussi.

Amandine n’avait pas de chance en amour. Les hommes, attirés par sa beauté, s’envolaient aussi vite que des papillons autour d’une flamme.

— Elles sont nombreuses, mais toi, tu es unique, lui avait dit Théo quand elle avait demandé pourquoi il l’avait remarquée plutôt qu’Amandine, qui était plus jolie.

Après le mariage, le jeune couple emménagea dans l’appartement des parents de Théo, divorcés depuis trois ans. Le père était parti avec une autre femme avant même la séparation, et la mère s’était remariée six mois plus tôt, partant vivre à l’étranger.

— Tu as de la chance, Élodie. Un mari beau et un appartement en plus. Si j’avais su, c’est moi qui serais sa femme aujourd’hui, soupira Amandine.

Élodie la serra dans ses bras.

— Bientôt, ce sera à ton tour de te marier.

— Pourquoi vient-elle nous voir ? Je ne comprends pas. Vous n’avez rien en commun, remarqua un jour Théo.

— On est amies. Je crois qu’elle t’apprécie. Elle est gentille, juste malchanceuse en amour.

— Justement. Les gens malheureux sont jaloux, répliqua Théo.

Élodie n’y prêta pas attention et défendit Amandine. Mais plus tard, son mari eut raison.

Une fois, Amandine leur annonça que d’anciens camarades organisaient une rencontre. Cinq ans après le bac, l’occasion était parfaite pour partager leurs succès.

— Quels succès ? On vient à peine de finir nos études.

— Pas toi. Tu es déjà mariée. Certains ont même divorcé. Et Margaux a eu trois enfants en cinq ans, tu imagines ?

— Comment ?

— Eh bien, une fille d’abord, puis des jumeaux deux ans après. On se voit pendant les vacances de Noël ? Ce sera génial !

— Si tu veux, répondit Élodie sans enthousiasme.

— Pas très joyeuse, on dirait.

— Je n’aime pas ces réunions. Et l’école ne me manque pas.

— Si tu ne viens pas, je t’en veux. Théo, tu la laisses venir ?

— Bien sûr. Mais pas toute la nuit.

Le soir venu, le café était décoré de guirlandes, de bougies et de branches de sapin. Les filles rivalisaient d’élégance, les garçons étalaient leurs réussites. Élodie se taisait, heureuse dans son coin.

Soudain, elle aperçut Grégoire Laurent. Il l’avait harcelée au lycée.

— Tu ne m’as pas dit qu’il viendrait ! chuchota-t-elle à Amandine.

— Mais je ne savais pas !

Grégoire se dirigea droit vers elles. Amandine s’éclipsa, laissant Élodie seule avec lui.

— Je suis si heureux de te voir !

Son regard collant la ramena en arrière. Elle lança des signaux désespérés à Amandine, qui finit par intervenir.

— Excuse-nous, Grégoire.

Une fois dehors, Élodie récupéra son manteau.

— Tu pars déjà ?

— Je ne supporte pas sa présence.

Elle appela un taxi, mais Grégoire s’y glissa avant qu’elle ne ferme la portière.

— Je te raccompagne.

— Non ! Sortez !

Le taxi démarra.

— Je suis mariée. Laisse-moi tranquille.

— Vous divorcerez, et je t’épouserai.

— Quelle absurdité !

Il insista jusqu’à son immeuble. Elle s’enfuit, le cœur battant.

— Tu es de retour tôt ? Tout va bien ? demanda Théo en la voyant énervée.

À quelques jours de là, Grégoire vint sonner chez eux avec des fleurs. Elle claqua la porte au nez. Mais Théo trouva le bouquet devant leur porte.

— Qui est venu ?

— Aucune idée. Peut-être un admirateur de la voisine.

Puis un soir, elle rentra et trouva Amandine avec Théo, buvant du thé.

— Tu es en retard !

— Je rentre toujours à cette heure.

Théo quitta la table sans un regard.

— Qu’as-tu dit à Théo ? demanda Élodie, anxieuse.

— Qu’un ancien camarade t’avait envoyé des fleurs. C’est vrai, non ?

— Tu m’as trahie.

Amandine haussa les épaules et partit.

Plus tard, Théo la questionna.

— Pourquoi ne m’as-tu rien dit ?

— Parce que rien ne s’est passé. Il m’a harcelée au lycée, c’est tout.

Ils dormirent dos à dos pour la première fois.

Le lendemain, Grégoire l’attendait devant son bureau, un bouquet à la main.

— Arrête, ou j’appelle la police.

Elle jeta les fleurs à la poubelle et s’enfuit.

Il ne revint plus. Ni Amandine. Élodie ne la regretta pas.

Quand elle apprit sa grossesse, elle hésita avant d’en parler à Théo.

— Tu n’es pas heureuse ?

— Je le suis. Mais j’avais peThéo la serra contre lui en riant, et elle sentit enfin que leurs doutes s’envolaient, laissant place à un bonheur simple et profond.

Оцените статью
La Meilleure Complice
Last Straw: A Birthday That Changed Everything